La cinquième république sous laquelle nous vivons
encore, prévoit l’élection du président au suffrage universel à deux tours. On
peut ne pas être d’accord avec ce mode de scrutin, voire même souhaiter une
nouvelle constitution, mais pour cette fois encore c’est ce mode là qui s’applique.
Quel est l’intérêt d’un scrutin majoritaire à deux
tours ? On le trouve pour l’essentiel dans la formule « au premier
tour on choisit, au deuxième on élimine ».
Si l’élection se faisait sur un seul tour, c’est
forcément le candidat qui aurait le plus de voix qui serait élu. Dans ces
conditions, les compromis avec d’autres candidats potentiels devraient se faire
avant le dépôt des candidatures, loin du regard des électeurs, afin d’optimiser
les chances d’obtenir le meilleur score.
L’avantage d’une élection à deux tours est que tous
les grands courants de pensée peuvent être représentés au premier tour,
permettant à chaque citoyen de voter pour celui dont il se sent le plus proche.
Le premier tour éclaire les candidats possibles du deuxième tour et le peuple
lui-même sur ses aspirations, beaucoup mieux que ne le font les sondages d’opinion.
Les candidats peuvent alors, en connaissance de
cause, réajuster ou non leurs propositions pour gagner l’élection. Il me semble
qu’il s’agit là d’une manière démocratique de choisir le premier personnage de
l’Etat.
Il est donc vrai que le premier tour de l’élection est
important. Ce qui l’est moins c’est d’en tirer la conclusion de la nécessité du
vote utile. Le vote utile est la négation de la démocratie en ce qu’il amène,
sur la base de je ne sais quelle crainte, les citoyens à exprimer un avis qui n’est
pas vraiment le leur.
Il est rare que les bénéficiaires du vote utile
admettent par la suite cet état de choses. Au contraire, ils utilisent le score
réalisé au premier tour pour mesurer le rapport de forces au sein de leur camp
lorsqu’il s’agit de réaliser un accord de gouvernement.
On nous a parlé et on nous parle d’une dynamique de
premier tour qui favoriserait au second, l’élection du candidat arrivé en tête.
C’est prendre les électeurs pour des imbéciles. La dynamique est dans le
rapport de forces à l’issue du premier tour entre les deux (ou trois) grands
courants d’opinion qui constituent l’échiquier politique de la nation.
Respecter les citoyens, c’est les laisser choisir
ceux qui les représentent le mieux et par la suite, tenir les engagements que l’on
prend devant eux.