L’âge n’excuse pas tout. Notre grand penseur de l’avenir
qu’est Michel Rocard vient, du haut de sa légendaire sagesse, de faire la
proposition d’abandonner notre armement nucléaire pour faciliter le retour à l’équilibre
budgétaire du pays.
Applaudissement dans les rangs des écologistes dont
les deux têtes pensantes autonomes que sont Noël Mamère et Daniel Cohn Bendit
se sont exprimées en ce sens.
A n’en point douter, tous les épiciers à la petite
semaine dont le regard ne porte pas au-delà de la caisse enregistreuse,
approuvent cette idée de génie.
Il est vrai que l’entretien d’une force de
dissuasion nucléaire a un coût non négligeable pour un budget chahuté comme
celui de la France en ce début du XXIème siècle. Ceci constitue un argument de
poids lorsqu’on s’interroge sur les choix d’économies à réaliser si nous
voulons laisser à nos enfants un pays raisonnablement endetté.
Cependant, si l’on se retourne vers l’histoire, on s’aperçoit
que ce que l’on appelle l’économie a toujours été sujet à des cycles, allant de
la misère à la prospérité et vice-versa. Depuis l’avènement du capitalisme et
de tous ses avatars dont le dernier est la mondialisation financière, ceci est
encore plus vrai. Ces cycles n’affectent pas encore de façon synchrone tous les
pays du monde, mais ils existent partout.
Une seconde constante sur notre chère planète est l’existence
permanente de conflits plus ou moins armés entre des puissances plus ou moins
grandes associées à des pouvoirs plus ou moins démocratiques. La nature humaine
a sûrement quelque responsabilité dans cet état de fait. Les mondialistes béats
feraient bien de relire Jean-Jacques Rousseau avant de penser que le monde peut
devenir une petite maison dans la prairie à grande échelle.
Ainsi, les problèmes économiques trouvent ils par
eux-mêmes leur résolution, non sans faire des dégâts collatéraux, que tout l’art
de la politique est de minimiser en choisissant ceux qui en souffriront le
plus.
En revanche, les conflits inévitables et dont
personne ne saurait prévoir la date ni les protagonistes, se produiront toujours.
Lorsque la force intervient, c’est l’intégrité physique des humains qui est
concernée, que ceux-ci soient militaires ou civils. C’est pourquoi tout
humaniste devrait préférer que soient pris les moyens d’éviter l’usage de la
force.
Parmi ces moyens, on trouve l’ONU, dont le moindre
des paradoxes est qu’il se montre d’autant plus incapable d’intervenir que le
conflit est grave. En revanche, quand il s’agit d’écraser une nation sous des
prétextes n’ayant rien à voir avec ce qui est annoncé, comme ce fut le cas en
Irak, les déploiements de force considérables sont approuvés.
Un autre moyen d’éviter l’usage de la force est de
ne pas en disposer. Ainsi, il ne peut être question d’aller faire la police au
sein de pays en conflit interne, mais dont les peuples eux-mêmes savent se
sortir à plus ou moins longue échéance. Il en va de la sorte pour les derniers
théâtres d’intervention de nos armées : la Lybie, l’Afghanistan.
Le dernier moyen d’éviter l’usage de la force est de
persuader un éventuel agresseur que la riposte à son attaque serait
disproportionnée. Pour cela, il faut que celui-ci soit convaincu que les moyens
de réagir sont uniques et énormes. Dans ce cas, il mesurera les conséquences
désastreuses pour lui que pourrait avoir son agression.
C’est le principe de la dissuasion. La guerre froide
a fait peu de victimes chez ses principaux belligérants. Le coût de l’armement
de dissuasion n’est qu’un coût financier, il n’est pas un coût humain.
On mesure ainsi l’inconséquence des mêmes
personnages qui demandent d’un côté des interventions militaires pour des
raisons humanitaires, sans en mesurer les conséquences à plus long terme et d’un
autre côté mettent leur pays dans l’obligation pour se défendre de sacrifier
des soldats ou des civils. Je préfère pour ma part mettre ma main au
porte-monnaie que mon doigt sur la gâchette.