jeudi 20 septembre 2012

Automne en demi-teinte



Peut-être est-ce dû à l’arrivée de l’automne ou à un état d’esprit morose, mais il semble que nous peinions à relancer la machine à rêves.

Quels que soient les sujets sur lesquels se portent nos regards, il y a peu de raisons de se sentir soulevé par un enthousiasme juvénile. Pourtant nous avons fait ce qu’il fallait pour nous débarrasser de ceux que nous considérions comme à l’origine de la plupart de nos ennuis. Les mois de mai et juin nous en ont donné l’occasion.

Mais depuis lors, les raisons de croire en un avenir radieux semblent avoir disparu. La popularité de nos gouvernants, mesurée par les sondeurs, est en constante baisse. On se demande bien pourquoi… Il n’y a aucun motif de déception objectif dans leur action, qui est conforme à la lettre des promesses énoncées durant la campagne électorale. A la lettre seulement, car on peut observer ça et là que le recul devant les difficultés de mise en œuvre est devenu la règle, malgré la fermeté du discours. Il suffit de regarder ce qu’il est advenu de la renégociation du traité européen en cours de ratification, du droit de vote des étrangers aux élections locales (quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur ce sujet –voir cet article-), de la fermeture de l’usine Peugeot-Citroën d’Aulnay, etc.

Ce qui se passe est dans la logique des choses dans la démocratie française telle qu’elle fonctionne depuis VGE. Il n’y a donc pas de raison d’en vouloir à ceux que nous avons portés au pouvoir. A bien y regarder, les déçus ne sont pas si nombreux, puisque la popularité des chefs de l’exécutif est à 47%, alors que la présidentielle donnait moins de 52% au vainqueur.

Parmi les facteurs de morosité, l’apparition quasi journalière d’un journaliste économique dans le journal de 20h de France 2. Outre le fait qu’il a un visage de croque-mort de bande dessinée, il nous annonce, avec la complicité du présentateur, des catastrophes à venir et affiche une mine désabusée à chaque initiative du pouvoir pour sortir de la crise, soulignant les effets négatifs que celle-ci peut engendrer.

Même les journaux satyriques, qui sont sensés nous faire prendre avec humour les événements qui marquent l’actualité, s’y mettent à leur tour. Ceux qui pensent que l’humour ne peut être produit que par des cerveaux intelligents doivent remettre en question leurs certitudes. Les caricatures de Charlie Hebdo sont un contre exemple désolant de cette règle. On ne fera croire à personne que des considérations très bassement matérielles ne sont pas à l’origine de cette provocation dont les conséquences les plus graves seront supportées non par les auteurs, mais par nos compatriotes et nos représentations dans les pays où l’islam est majoritaire, voire obligatoire.

Que dire du résultat de l’étude portant sur les effets de l’ingestion massive de maïs transgénique par des rats de laboratoire ? Et du fait que nous consommons des OGM sournoisement cachés dans les aliments que nous achetons au marché, qu’il soit ou non super ?

Si l’on ajoute à tout cela que le PSG se met à gagner des matches, nous privant du plaisir de nous moquer d’une équipe qatari délocalisée, il y a peu de raisons d’être gagné par l’euphorie.

vendredi 7 septembre 2012

Il ne fallait pas Trichet...



La Banque Centrale Européenne, conçue comme le gardien du temple de l’euro fort et de la protection contre l’inflation, semble avoir vécu.

Depuis sa création, cette institution européenne a été dirigée dans l’esprit de sa création en 1998 par des gouverneurs (ou présidents) qu’il s’agisse de Duisenberg ou de notre compatriote Trichet, soucieux de respecter les principes d’indépendance et de lutte contre l’inflation.

Doté, depuis le traité de Lisbonne de la personnalité juridique, cet objet semblait pouvoir être dirigé par des ordinateurs programmés en Allemagne avec l’aide des libéraux de tous les pays de la zone euro, insensibles aux effets dévastateurs d’une crise de la dette européenne sans précédent.

Voici que le mandat de l’ineffable Jean-Claude Trichet prend fin en 2011, au beau milieu d’une crise qui a beaucoup mis à mal ses certitudes et où il a dû faire quelques entorses au dogme de la non intervention. Il a cependant donné des gages aux libéraux en n’ayant comme interlocutrices que les banques, auxquelles il a accepté que la BCE prête à des taux très bas, afin que celles-ci puissent ensuite prêter aux états en faisant au passage un joli bénéfice.

On s’attendait à ce que le vice-président Draghi, qui lui a succédé, se comporte de la même manière. Mais celui-ci vient d’utiliser l’autonomie donnée à son Pinocchio d’acier par les traités pour lui donner une vie propre en s’opposant à Gepetto-Merkel. La décision de prêter directement aux états, réclamée par les pragmatiques et refusée a priori pas les dogmatiques de tout poil, est le signal du réveil donné par Mario Draghi. 
Les spéculateurs à grande échelle voient leur corne d’abondance se vider et personne ne devrait s’en plaindre. Même Gepetto-Merkel fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il est vrai qu’elle a perdu son meilleur soutien en Europe lors de la dernière élection présidentielle française et qu’il est difficile de jouer à un contre tous.

Il va de soi que les problèmes ne sont pas résolus par le coup de baguette magique de la BCE, mais on sait maintenant que l’arme monétaire peut être utilisée pour redonner du souffle aux économies en récession et de l’espoir aux peuples concernés.

lundi 3 septembre 2012

C'est reparti (sous-titre : Trente ans après)


Après  un repos estival du clavier plus ou moins mérité, nous reprenons en effet la chronique. Cependant, le titre de celle-ci n’est pas seulement auto référent. Il vise aussi la situation politique de notre beau pays.

En écoutant une rubrique politique sur notre radio nationale, on pouvait être frappé par les références à la situation que nous avons connue il y a de cela trente ans. A cette époque en effet, les indicateurs qui rythment la vie passionnante des économistes patentés montraient une dérive qualifiée d’inquiétante. L’inflation et le chômage augmentaient suite à une récession mondiale qui durait depuis au moins deux ans. Il y avait une crise de la dette inquiétante pour la finance internationale (le Mexique déclarant même qu’il ne pouvait pas rembourser sa dette, d’autres pays en voie de développement étant dans la même situation) et en particulier pour les banques les plus exposées. C’est ainsi que le FMI fait pression sur les pays concernés pour qu’ils réduisent leur consommation afin de faire des économies. Ce qui eut pour effet d’accentuer la crise, via la réduction des importations qui a suivi et qui a affecté les pays exportateurs concernés.

Transposé à la situation actuelle, il y a fort à craindre que les choses se reproduisent de manière comparable, à la différence que l’Europe est cette fois en première ligne pour ce qui concerne la dette et que les phénomènes subissent une accélération constante depuis l’époque.
On se souvient que les Etats-Unis avaient alors pratiqué une politique de relance, qui a permis de stopper la spirale infernale de la récession mondiale. Dans le même temps, la gauche qui, en France, venait d’arriver au pouvoir et qui avait commencé à mettre en œuvre son programme était montrée du doigt par les économistes, qui lui prédisaient la descente aux enfers si la politique menée était poursuivie. C’est alors que tout en tenant un discours sur la continuité, le gouvernement de l’époque mettait en place une politique de rigueur qui ouvrait ce qui a été appelé par la suite la « parenthèse libérale », que la gauche n’a jamais refermée depuis (on ne pouvait tout de même pas compter sur la droite pour le faire !).

Que voit-on aujourd’hui ? Les enfants naturels des économistes et des politiciens de l’époque se retrouvent dans la même configuration. Et l’on entend des discours comparables de la part des premiers, qui prédisent que la politique du gouvernement ne pourra être poursuivie comme annoncée sous peine de conduire le pays au chaos, ce qui est normal de la part de ceux qui ne raisonnent que dans le cadre d’une économie libérale mondialisée. Et l’on entend un infléchissement discret du discours des seconds pour préparer les français à des renoncements sous la pression de la conjoncture internationale. A croire que l’expérience des ainés n’a pas servi les actuels gouvernants.

Le premier film n’a pas vraiment enthousiasmé les foules, surtout les moins favorisées d’entre elles. On n’imagine guère un remake recueillir quelque succès, si ce n’est auprès de ceux qui croient avoir le plus à perdre de la mise en œuvre d’un programme présidentiel pas vraiment révolutionnaire. En revanche, la pression populaire devra s’exercer fortement si l’on ne souhaite pas le retour de la politique du « bon gestionnaire » comme on l’a vu trente ans auparavant (nous alertions d’ailleurs à ce sujet dans l’article sur la nouvelle donne).

La vigilance s’impose.