On mesure l’ampleur du drame qui se joue au Vatican
lorsqu’on voit la télévision déranger Frigide Barjot pour lui demander son
sentiment sur la démission du Saint Père. Si le pauvre homme a rendu son tablier
c’est pour retarder le moment où il rendra son âme à Dieu. Il est vrai que par
ces hivers rigoureux, si l’on applique à la lettre ses propres commandements,
il faut sortir sans capote et le risque d’attraper quelque maladie s’accroît
sensiblement.
Alors on voit se succéder les doctes commentateurs
déjà brocardés dans ces rubriques, pour nous expliquer le caractère
révolutionnaire de la démarche de ce cher Benoît que l’on croyait plus
conservateur (Jean XXIII, icône du réformisme catholique, a bien attendu de
mourir pour céder sa place). Les journaux télévisés sont largement occupés par
cet événement, car il n’y a, bien sûr, rien d’autre de très important à traiter
et que les fortes chutes de neige ne font plus d’audience.
Et l’on se met à spéculer sur celui (d’habitude on
écrit « ou celle », mais c’est inutile dans ce cas de figure) qui va
succéder à Benedict Sixteen. On convoque même les bookmakers pour connaître les
favoris dans la course au balcon et à la fumée blanche. Bonne conscience
oblige, on en a de toutes les couleurs et de tous les continents (les
candidats, vu leur âge, ne le sont peut-être pas tous).
J’ai pour ma part un favori dont je voudrais d’ores
et déjà défendre la papification. Il a montré dans la dernière période une
ouverture d’esprit, une hauteur de vue, une connaissance si profonde de la
société du XXIème siècle, que ses collègues quarts d’Hinault et néanmoins
coreligionnaires ne peuvent pas ne pas le désigner à l’unanimité. Cerise sur le
gâteau, il est français ! Et pour couronner le tout, il officie à la
cathédrale Notre Dame de Paris.
Pour toutes ces raisons et pour le récompenser de
ses mérites, ce brave homme mérite une augmentation. Comme il n’est pas
possible d’augmenter ses émoluments car les quêtes rapportent de moins en moins,
on pourra (chose impossible pour ses concurrents) augmenter son cardinal (j’entends
par là son numéro). Il suffira pour cela de le prénommer Jean et ainsi, André
Vingt-trois deviendra Jean XXIV, soit une augmentation de 4,16%, ce que les
fonctionnaires français n’ont pas eu depuis fort longtemps.
Je voudrais donc ici lancer une pétition mondiale
pour la papification d’André Vingt-trois, vaillant défenseur de la famille
papa-maman-bébé et cependant célibataire abstinent. Le temps presse, Benoît va
se mettre au vert le même jour que votre serviteur…