jeudi 29 août 2013

C'est reparti pour une intervention !



La période que nous vivons a comme un petit goût de déjà vu. Une guerre civile a lieu dans un pays du Sud, en l’occurrence cette fois ci la Syrie, suite à un soulèvement populaire contre un régime autoritaire. On suspecte le pouvoir en place d’utiliser des armes interdites pour venir à bout de la rébellion. Ce pouvoir a le soutien affiché d’une grande puissance : la Russie et implicite d’une autre : la Chine.

Et voila que dans le camp des « grands pays civilisés », c’est-à-dire les Etats-Unis, le Royaume Uni et la France on cherche la preuve de l’utilisation par les troupes fidèles à Bachar El Hassad d’armes chimiques qui ont fait des dizaines de victimes civiles. Cette preuve est indispensable pour la justification morale d’une éventuelle intervention, car les peuples de ces pays se sont déjà fait rouler par leurs dirigeants quant à la possession d’armes de destruction massive par le régime iraquien de Saddam Hussein, justifiant l’engagement dans la deuxième guerre du Golfe.

Mais pendant ce temps, on prépare l’infrastructure d’une intervention lourde en positionnant des navires de guerre porteurs d’engins capables d’opérer des « frappes chirurgicales » sur des objectifs militaires ou policiers syriens.

Ce soit disant « droit d’ingérence » dans les affaires d’un état souverain, cher à Bernard Kouchner, constitue une dérive postcoloniale qui est non seulement inacceptable, mais encore dangereuse, quand on voit le résultat des dernières interventions. La Lybie par exemple, dont on ne parle guère plus, mais qui est le théâtre d’affrontements mortels et dont aucun pouvoir solide et légitime ne semble en mesure de s’établir durablement. L’Irak où les attentats font tous les jours des dizaines de morts.

Il en va autrement des pays qui demandent l’intervention d’une force alliée contre un ennemi intérieur, comme le Mali. Sachant tout de même que l’engagement dans ce pays n’est pas terminé et que l’on ne voit pas le terme du processus à moyenne échéance.

Alors il est vrai qu’on est révulsé par la manière qu’ont certains dirigeants de répondre aux aspirations légitimes de leur peuple à la démocratie, la justice et à l’égalité entre les citoyens. On ne peut pas fermer les yeux devant des comportements génocidaires. Il existe des moyens diplomatiques et économiques de peser sur ces dictatures qui n’ont pas tous été utilisés.

L’intervention militaire, même si elle permet aux pays de tester leur armement, à leurs dirigeants de jouer les matamores et de prendre des points dans les sondages sur la base des plus bas instincts (fierté d’être du bon côté du missile), n’est que la partie émergée d’un iceberg qui est constitué de l’affaiblissement économique  de la région concernée, l’exacerbation de haines ancestrales, la déstabilisation politique durable favorisant l’émergence de régimes plus ou moins théocratiques, etc.

L’intervention militaire a par ailleurs un coût direct, difficile à justifier quand on doit faire des économies drastiques (jusque dans la recherche publique) et un coût indirect, diplomatique, qui établit pour une longue période une haine tenace de ces pays néocoloniaux qui se croient autorisés à se mêler de affaires intérieures des autres.

Il va de soi que nos responsables politiques sont assez intelligents pour être conscients de tout cela. Il reste néanmoins à souhaiter qu’ils feront leurs choix d’action sur la base de considérations avouables.

dimanche 4 août 2013

Pourquoi les ministres ne prennent-ils pas de vraies vacances ?



Un marronnier des journaux télévisés de juillet-août est constitué du compte-rendu des dates et lieux de congés des ministres en exercice.

Alors que jadis on avait droit à des destinations exotiques et des durées raisonnables de l’ordre de la quinzaine de jours, fut-ce avec les bras supposément remplis de dossiers à étudier pendant les heures de loisirs, l’évolution des mœurs ministérielles tend à un raccourcissement des vacances associé à l’affichage d’une disponibilité totale excluant un éloignement du territoire national métropolitain.

Il est vrai que les problèmes à traiter sont importants. Mais le sont ils plus qu’à l’époque des ministres vacanciers assumés ? Bien sûr que non. Mais la pression médiatique obligeant à la réaction immédiate sur le plan de la communication et de l’action contraint nos dirigeants à se faire passer pour des forçats du labeur.
Leur présence physique est elle aussi importante que cela ? Pas davantage. Les ministres sont dotés de cabinets, quelquefois pléthoriques, capables d’assurer une présence et une bonne capacité de réponse aux événements concernant leur domaine de compétence. D’autant que les moyens modernes de communication permettent de converser avec n’importe qui en presque tout lieu de la planète.

Alors pourquoi cette évolution vers cette attitude de plus en plus faux-cul de la part des gouvernements successifs ?
En lien avec la pression médiatique déjà évoquée, il y a l’image que le président de la République et les ministres veulent donner de leur implication totale dans leur action politique. Certains, comme Manuel Valls, jouent à fond cette carte, pensant que le peuple, dans son infinie bêtise, confond omniprésence et qualité d’action. Or, ce crétin de peuple a renvoyé dans ses foyers le dernier président de la République qui faisait cette même analyse…

On a donc envie de dire à nos dirigeants : prenez des vacances ! Reposez vous bien, prenez du recul, vous ferez peut-être moins d’erreurs en revenant ! Pour être gouvernants, vous n’en êtes pas moins hommes (ou femmes), avec des capacités physiques et intellectuelles limitées (c’est encore plus vrai pour certains…). Ne nous faites pas croire que votre présence est indispensable au ministère, car nombre d’entre vous passent beaucoup de temps en manifestations diverses pendant toute l’année, pourvu que la couverture médiatique en soit assurée.

Bonnes vacances !