Qu’est-ce donc que l’Europe ? D’abord un tout petit
continent dont on a quelque mal à définir les limites géographiques (sans
parler de frontières). Un lieu de passage pour les envahisseurs et un terrain
d’affrontement des peuplades qui le composent durant l’essentiel de son
histoire.
Depuis la seconde guerre mondiale, le souhait des
peuples d’en finir avec des conflits meurtriers et l’intérêt des possédants,
qui avaient besoin d’élargir leur marché, ont convergé pour faire de l’Europe
une abstraction, un fantasme de zone de paix et de prospérité. On en arrive
même à oublier la géographie et à désigner par le vocable Europe ce qui est
aujourd’hui l’Union Européenne.
Longtemps, le discours enthousiasmant sur la
perspective d’une Europe protectrice des faibles, initiatrice d’un
développement rapide dans des pays qui avaient souffert de régimes dictatoriaux
et réactionnaires a suffi à masquer la réalité de ce que les forces de l’argent,
qui ne connaissent pas de frontières, mettaient en place avec (ou sans ?)
la complicité des gouvernements en place dans les pays qui composaient la CEE
puis l’UE.
Et puis la crise, qui touche cycliquement les zones
où se développe le capitalisme, s’est abattue sur notre Europe, comme ailleurs.
Mais elle a sévi plus longtemps et plus fort sur des économies qui jusque là s’étaient
satisfaites d’un gouvernement de fait par des structures non élues qui ont reçu
le pouvoir dont se sont dessaisis les Etats qui la composent.
Alors nombre de peuples se sont rendus compte qu’ils
avaient été aveuglés par les faux espoirs des promoteurs de l’ « Idée
Européenne ». Ils ont donc refusé d’aller plus loin dans la mécanique qui
donnait définitivement le pouvoir à l’argent. C’était en 2005, et le traité
constitutionnel était assez nettement rejeté par les Hollandais et les Français.
Que croyez vous qu’il advint ? Le traité
renvoyé par la porte du référendum, l’essentiel de son contenu revenait par la
fenêtre du Traité de Lisbonne, consommant la cocufication des peuples. L’amplification
de la crise et ses effets dévastateurs sur les nations du Sud du continent ont
montré le bien fondé du rejet du contenu du fameux Traité.
Mais voici qu’arrivent les élections au Parlement
européen et les partis de gouvernement chantent à l’unisson des eurolâtres
béats les louanges de l’Europe de paix et de prospérité. Ce faisant, ils
ouvrent grand la porte des suffrages à ceux qui proposent une critique radicale
de l’Union Européenne avec des arrière pensées pas toujours reluisantes. Les
gouvernements, aidés de certains lobbies et des télévisions nationales, nous
pressent d’aller voter pour ce qu’ils présentent comme un scrutin déterminant
pour notre avenir.
Parions que rien ne va changer avec le
renouvellement d’une assemblée sans pouvoir où brillent les seconds couteaux de
la politique nationale sans que leur éclat ne parvienne à nous éblouir.
La belle abstraction européenne fera quand même l’objet
d’une belle abstention citoyenne. Le peuple abusé ne voulant absolument pas
absorber le discours abrutissant des ses élites.