dimanche 25 mai 2014

L'abstraction européenne



Qu’est-ce donc que l’Europe ? D’abord un tout petit continent dont on a quelque mal à définir les limites géographiques (sans parler de frontières). Un lieu de passage pour les envahisseurs et un terrain d’affrontement des peuplades qui le composent durant l’essentiel de son histoire.

Depuis la seconde guerre mondiale, le souhait des peuples d’en finir avec des conflits meurtriers et l’intérêt des possédants, qui avaient besoin d’élargir leur marché, ont convergé pour faire de l’Europe une abstraction, un fantasme de zone de paix et de prospérité. On en arrive même à oublier la géographie et à désigner par le vocable Europe ce qui est aujourd’hui l’Union Européenne.

Longtemps, le discours enthousiasmant sur la perspective d’une Europe protectrice des faibles, initiatrice d’un développement rapide dans des pays qui avaient souffert de régimes dictatoriaux et réactionnaires a suffi à masquer la réalité de ce que les forces de l’argent, qui ne connaissent pas de frontières, mettaient en place avec (ou sans ?) la complicité des gouvernements en place dans les pays qui composaient la CEE puis l’UE.

Et puis la crise, qui touche cycliquement les zones où se développe le capitalisme, s’est abattue sur notre Europe, comme ailleurs. Mais elle a sévi plus longtemps et plus fort sur des économies qui jusque là s’étaient satisfaites d’un gouvernement de fait par des structures non élues qui ont reçu le pouvoir dont se sont dessaisis les Etats qui la composent.

Alors nombre de peuples se sont rendus compte qu’ils avaient été aveuglés par les faux espoirs des promoteurs de l’ « Idée Européenne ». Ils ont donc refusé d’aller plus loin dans la mécanique qui donnait définitivement le pouvoir à l’argent. C’était en 2005, et le traité constitutionnel était assez nettement rejeté par les Hollandais et les Français.

Que croyez vous qu’il advint ? Le traité renvoyé par la porte du référendum, l’essentiel de son contenu revenait par la fenêtre du Traité de Lisbonne, consommant la cocufication des peuples. L’amplification de la crise et ses effets dévastateurs sur les nations du Sud du continent ont montré le bien fondé du rejet du contenu du fameux Traité.

Mais voici qu’arrivent les élections au Parlement européen et les partis de gouvernement chantent à l’unisson des eurolâtres béats les louanges de l’Europe de paix et de prospérité. Ce faisant, ils ouvrent grand la porte des suffrages à ceux qui proposent une critique radicale de l’Union Européenne avec des arrière pensées pas toujours reluisantes. Les gouvernements, aidés de certains lobbies et des télévisions nationales, nous pressent d’aller voter pour ce qu’ils présentent comme un scrutin déterminant pour notre avenir.

Parions que rien ne va changer avec le renouvellement d’une assemblée sans pouvoir où brillent les seconds couteaux de la politique nationale sans que leur éclat ne parvienne à nous éblouir. 

La belle abstraction européenne fera quand même l’objet d’une belle abstention citoyenne. Le peuple abusé ne voulant absolument pas absorber le discours abrutissant des ses élites.