La
signature de l’accord entre Athènes et l’Union Européenne donne une idée
précise du recul de la force de la démocratie face à l’argent.
Nous
nous réjouissions du retour du politique dans le débat européen, au travers du
courageux et intelligent combat mené par le premier ministre grec face à la
troïka ou ses avatars et pensions un peu trop vite que la donne allait être
définitivement changée dans les rapports entre les Etats européens à la suite
de cette intrusion de la démocratie dans le débat feutré entre représentants de
la même doxa libérale, qu’elle soit ou non mâtinée de social.
Mais
hélas, les prophéties du général de Gaulle et de Pierre Mendès France sur l’évolution
d’une Europe qui ne serait pas construite sur une base politique et appuyée sur
la démocratie dans les nations qui la composent se réalisent au-delà de toute
crainte. La preuve est faite que le pouvoir est dans les mains de la finance,
avec sa capacité d’empathie avec la souffrance des petits et son respect scrupuleux
des choix démocratiques.
Il n’est
pas vraiment légitime que certains se glorifient d’avoir obtenu ce résultat
épouvantable pour la survie économique de la Grèce (tout au moins de celle qui
n’opère pas à l’extérieur du pays en évitant de contribuer à l’effort
national).
Comme si
l’appartenance à la fameuse « zone euro » constituait une quelconque
garantie de prospérité, voilà que notre président affiche sa fierté d’y avoir
conservé la Grèce au prix d’efforts surhumains face à une Allemagne amnésique
de sa propre histoire et imbue de la nouvelle puissance que lui donne sa main
mise sur la monnaie unique.
Il est
vrai que le peuple grec affiche une attitude ambigüe en voulant à la fois
rester dans la zone euro et refuser les propositions des créanciers. La peur de
l’inconnu est sûrement à l’origine de cette contradiction. Dans ces conditions,
le mandat d’Alexis Sipras était difficile à mener à bien. Il aurait pu trouver
dans un autre grand pays fondateur de l’Union Européenne un appui décisif au
travers d’une remise en cause de l’Euro comme monnaie unique. Le rapport de
force en aurait été modifié considérablement. Mais non, on préfère s’honorer d’une
victoire à la Pyrrhus que de montrer du courage en affrontant ensemble un bloc €urophile,
qui ne conduit pas la seule Grèce à la faillite, mais également les autres pays
dits du Sud, la France comprise.
Ceux qui
aujourd’hui se félicitent de cet accord euro-grec seront peut-être un jour
confrontés à une situation comparable dans leur propre pays. Ce jour là, on ne
manquera pas de leur demander de rendre des comptes au sujet de leur lâche
soulagement d’aujourd’hui.
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