Lorsqu’on
est attentif aux débats qui peuvent arriver aux oreilles des
citoyens-électeurs, en dehors des meetings où ne se rendent en général que les
convaincus, on a l’impression qu’il s’agit d’une élection nationale qui va
porter un jugement sur l’action de l’actuel gouvernement.
Alors on
comprend bien que les partis qui participent à l’exécutif entonnent le
refrain : « ne nous trompons pas d’élection ! », car ils
craignent à juste titre qu’une lourde défaite en soit le résultat. Seront-ils
entendus ? Rien n’est moins sûr si l’on mesure le degré de dépolitisation
profonde qui atteint le peuple français. Malheureusement, en effet, la tendance
à considérer toute élection comme un défouloir se confirme d’année en année.
On peut
difficilement en vouloir aux électeurs, qui ont été trompés avec constance par
les gens qu’ils ont élus en croyant à leur système de valeurs et à leurs
promesses. Ils règlent leurs comptes dans les urnes sans trop se préoccuper des
conséquences à moyen ou long terme de leur vote.
En
revanche, il faut souligner la malhonnêteté foncière de ceux qui ont participé
avec délice aux exécutifs régionaux et qui pensent en manger encore plus en
assimilant dans leur campagne les listes proches de l’exécutif à la politique
rejetée de celui-ci. Le plus souvent, ils ont profité du souhait d’ouverture de
leurs anciens partenaires pour se trouver une place valorisante (et valorisée)
au sein des conseils régionaux sortants.
Ensuite,
la cohérence n’étant pas leur vertu principale, ils n’hésitent pas à afficher
une harmonie de bon aloi entre leurs composantes, alors que des clivages politiques
fondamentaux les séparent. Donc, si l’on se réfère au niveau national pour
discréditer une liste, il faut aussi parler des questions nationales pour ces
adeptes du renouveau. Deux exemples dans la région Midi-Pyrénées +
Languedoc-Roussillon : Au sein de la liste menée par Gérard Onesta,
cohabitent des composantes qui ont été opposées frontalement lors du référendum
de 2005 sur le traité constitutionnel : d’un côté EELV et de l’autre le
Front de Gauche. On ne peut pas dire que ce référendum n’était pas porteur d’une
importance politique majeure. De la même manière, il serait intéressant de connaître
l’opinion du Parti Communiste sur la proposition faite par Monsieur Onesta de
donner un statut particulier à la Catalogne du Nord (surfant en cela sur la
vague de repli régiono-nationaliste européenne).
Alors,
qui de ceux qui portent la croix du soutien à la politique de François Hollande
et Manuel Valls et qui ont administré nos deux anciennes régions de façon
satisfaisante, même s’il était possible de faire mieux dans nombre de domaines,
ou de ceux qui ont été partie prenante de cette gestion et veulent aujourd’hui
nous faire croire qu’ils sont des hommes ou femmes nouveaux ou nouvelles pour
tirer le plus grand profit de la mauvaise opinion du peuple sur l’exécutif, en
dépit des fossés politiques qui les séparent ?