jeudi 5 novembre 2015

Régionales 2015 : de quelle élection s’agit-il ?



Lorsqu’on est attentif aux débats qui peuvent arriver aux oreilles des citoyens-électeurs, en dehors des meetings où ne se rendent en général que les convaincus, on a l’impression qu’il s’agit d’une élection nationale qui va porter un jugement sur l’action de l’actuel gouvernement.

Alors on comprend bien que les partis qui participent à l’exécutif entonnent le refrain : « ne nous trompons pas d’élection ! », car ils craignent à juste titre qu’une lourde défaite en soit le résultat. Seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr si l’on mesure le degré de dépolitisation profonde qui atteint le peuple français. Malheureusement, en effet, la tendance à considérer toute élection comme un défouloir se confirme d’année en année.

On peut difficilement en vouloir aux électeurs, qui ont été trompés avec constance par les gens qu’ils ont élus en croyant à leur système de valeurs et à leurs promesses. Ils règlent leurs comptes dans les urnes sans trop se préoccuper des conséquences à moyen ou long terme de leur vote.

En revanche, il faut souligner la malhonnêteté foncière de ceux qui ont participé avec délice aux exécutifs régionaux et qui pensent en manger encore plus en assimilant dans leur campagne les listes proches de l’exécutif à la politique rejetée de celui-ci. Le plus souvent, ils ont profité du souhait d’ouverture de leurs anciens partenaires pour se trouver une place valorisante (et valorisée) au sein des conseils régionaux sortants. 

Ensuite, la cohérence n’étant pas leur vertu principale, ils n’hésitent pas à afficher une harmonie de bon aloi entre leurs composantes, alors que des clivages politiques fondamentaux les séparent. Donc, si l’on se réfère au niveau national pour discréditer une liste, il faut aussi parler des questions nationales pour ces adeptes du renouveau. Deux exemples dans la région Midi-Pyrénées + Languedoc-Roussillon : Au sein de la liste menée par Gérard Onesta, cohabitent des composantes qui ont été opposées frontalement lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel : d’un côté EELV et de l’autre le Front de Gauche. On ne peut pas dire que ce référendum n’était pas porteur d’une importance politique majeure. De la même manière, il serait intéressant de connaître l’opinion du Parti Communiste sur la proposition faite par Monsieur Onesta de donner un statut particulier à la Catalogne du Nord (surfant en cela sur la vague de repli régiono-nationaliste européenne).

Alors, qui de ceux qui portent la croix du soutien à la politique de François Hollande et Manuel Valls et qui ont administré nos deux anciennes régions de façon satisfaisante, même s’il était possible de faire mieux dans nombre de domaines, ou de ceux qui ont été partie prenante de cette gestion et veulent aujourd’hui nous faire croire qu’ils sont des hommes ou femmes nouveaux ou nouvelles pour tirer le plus grand profit de la mauvaise opinion du peuple sur l’exécutif, en dépit des fossés politiques qui les séparent ?