Il paraît qu’il existe une loi naturelle, appelée
« loi de l’offre et de la demande » (qu’un humoriste transforme en
« loi de Joffre et de l’allemande »).
Cette loi, comme toutes les
lois, fait l’objet de maintes interprétations, une extrême étant celle du
libéralisme le plus débridé. Elle affirme, à la suite de son théoricien Adam
Smith, que le marché constitue une main invisible qui régit et régule les
échanges humains. En effet dans un échange, il y a toujours au moins une offre
et une demande. Dès lors que l’on constate que le marché est déséquilibré et
que ce déséquilibre a des effets dévastateurs sur la société, il revient aux
responsables politiques d’intervenir. Caricaturalement, ils ont le choix entre
agir sur l’offre (favoriser la production) ou sur la demande (donner du pouvoir
d’achat). Jusqu’à présent, on pouvait constater en France que la droite était
du côté de la production et la gauche du côté du pouvoir d’achat (keynésianisme).
Depuis la dernière conférence de presse de François
Hollande, nous devons réviser nos représentations, car celui-ci bien que de
gauche a clairement affiché une politique de l’offre pour sortir de la
stagnation de notre économie. Cette politique s’appuie sur la réduction des
coûts de production par un abaissement de ce que le patronat et François
Hollande appellent les charges patronales (en l’occurrence, les cotisations
familiales).
La détermination du Président de la République
semble totale. Les moyens de cette politique semblent incertains (on a peine à
croire que les économies nécessaires pourront être réalisées, car rares sont
les secteurs où elles pourraient l’être sans dégradation du service ou sans révolte
des personnes concernées). La sincérité des partenaires reste hypothétique (l’expérience
comparable vécue avec le père de l’actuel président du MEDEF ne plaide pas en
sa faveur).
On se dit donc que si notre Président de la
République mettait cette détermination au service d’un réaménagement des règles
de fonctionnement de l’Union Européenne, il parviendrait sans doute à un bon
résultat. Ce dont souffre notre outil productif est en grande partie un manque
de compétitivité à l’international, et ce manque de compétitivité est dans la
même part dû à la surévaluation de la monnaie unique. Pour changer cela, il
faut affronter en toute amitié notre partenaire principal en Europe qu’est l’Allemagne,
qui a jusqu’à présent et quasiment seule, bénéficié de cette surévaluation.
Dès lors, de deux choses l’une : soit il est
plus facile de négocier avec Mr Gattaz qu’avec Mme Merkel, soit François
Hollande est idéologiquement attaché à l’Europe telle qu’elle se construit
depuis ses débuts et est prêt à supporter tous les déséquilibres dans les pays
du Sud dont nous faisons partie au nom de cette grande idée européenne
(libérale).
Avec un peu de patience, la croissance finira par
revenir un jour car c’est la logique cyclique du système capitaliste libéral.
Il y aura eu beaucoup de dégâts collatéraux chez les classes populaires mais on
pourra considérer que c’était le prix à payer pour que le système se
rééquilibre. On priera pour que cette reprise intervienne pendant son mandat
afin qu’il puisse s’en attribuer le mérite. En attendant la prochaine crise…