mercredi 17 avril 2013

Mariage pour tous : dérèglement du climat



On dirait que tous les mauvais acteurs se sont réunis pour nous jouer un très mauvais scénario.

Tout d’abord, même s’il s’agissait d’une promesse de campagne, il n’était pas urgent de faire voter une loi sur une question de société qui ne pouvait qu’exacerber les passions, alors que les nuages les plus épais couvrent le ciel français : approfondissement de la crise, poursuite de la désindustrialisation, chômage et paupérisation d’une couche importante de la société, etc.

Les outils pour plus d’égalité existaient avec le PACS, qui aurait pu être aménagé dans ce sens, plutôt que de céder à la manie du slogan avec le « mariage pour tous », comme la succession de « choc de x », « choc de y »…

Ensuite, dévoiement du débat, qui a rapidement porté sur la procréation et les dérives vers la gestation pour autrui, qui n’est pas dans le texte, mais que les gouvernants n’ont pas su ou voulu dissocier clairement de la loi sur le mariage dès le départ.

Puis, procès d’intention dans les deux camps qui se sont formés rapidement. Les uns accusant les anti-mariage pour tous d’homophobie (les homophobes en sont tous, mais tous ne sont pas homophobes), les autres d’avancer masqués vers la gestation pour autrui et de céder à la pression du lobby homosexuel.
Sur un tel terreau ne pouvait que fleurir la violence de groupes plus ou moins fascisants bien à l’abri au sein des manifestations de masse, constituées des cohortes de catholiques intégristes, de réactionnaires  et/ou de frustrés de droite rongeant leur frein depuis la défaite de leur leader charismatique Sarkozy. La bêtise des uns et la détermination des autres ont conduit à des scènes de rue dignes d’un climat insurrectionnel.

Si l’on ajoute à cela l’ignominie de l’affaire Cahuzac et du procès Guérini, la gangrène de l’aéroport de Notre Dame des Landes, les discours discordants des gouvernants, la publicité faite autour des évadés fiscaux, on obtient un climat délétère très mal ressenti par la population et qui ouvre la voie à toutes les dérives poujadistes.

On ne fera croire à personne que les hommes et femmes politiques ne sont pas conscients de cet état de fait. Ni même les présentateurs de journaux télévisés de 20h, même un peu bas du front. Dans ces conditions, participer à la montée de ce climat est une faute contre la République et donc contre la démocratie.

mardi 2 avril 2013

Sévérité et retenue



En voici un qui ne rend pas vraiment service à son pays, à son camp politique, à la politique !

On s’était laissé prendre, peut-être par naïveté,aux dénégations offusquées de Jérôme Cahuzac devant la représentation nationale lorsque celui-ci a été accusé par Médiapart de disposer d’un compte bancaire à l’étranger, alors qu’il était Ministre du budget et qu’il avait été durant la dernière mandature, président de la commission des finances  de l’Assemblée Nationale.

On en venait même à se demander pourquoi Médiapart s’acharnait sur un tel personnage politique, si ce n’est pour augmenter son audience. Et cette odeur d’œuf pourri nous semblait porter préjudice à la grandeur de la chose politique dans une période où elle n’avait pas vraiment besoin de cela. Certains accusateurs, par une attitude de faux témoin d’opérette, discréditaient ces révélations scandaleuses.

Las, de l’aveu même du mis en cause, cette information était parfaitement vraie. Et un de plus ! Celui-ci a beau demander pardon à ses chefs, le mal a été fait et éclabousse d’autant plus le pouvoir qu’il avait fait de l’honnêteté un de ses chevaux de bataille. 

A partir de là, ce que l’on pouvait craindre se produit : accusation du Président de la République qui serait censé être au courant et aurait quand même nommé Cahuzac ministre, ou ne l’aurait pas démissionné en l’ayant appris par la suite. Idem pour le premier ministre. Ils sont déjà suffisamment en difficulté… Cet épisode va déporter le débat sur l’honnêteté des responsables politiques et éclipser les questions sur leur action pour redonner au pays une énergie nouvelle lui permettant de protéger ses plus faibles et de retrouver un dynamisme qui lui fait gravement défaut pour lutter contre le chômage de masse.

Si ce n’était pas l’appartenance à la classe politique qui était déterminante, mais la possession de biens que l’on ne souhaite pas faire prendre en compte pour le calcul de sa contribution à l’effort national ? Il y a fort à parier que chez les plus nantis, le pourcentage de ceux qui mettent à l’abri une partie de leur patrimoine est beaucoup plus grand que chez ceux qui s’engagent pour le service des autres dans l’action politique locale ou nationale. Mais ce qui est considéré comme un jeu du chat et de la souris pour les uns est une faute impardonnable pour les autres.

On attend donc une sévérité implacable contre ceux qui discréditent toute la classe politique, ouvrant la porte à tous les populismes et par là au totalitarisme, de quelque obédience qu’il soit.

En revanche, la classe politique elle-même serait bien inspirée de ne pas se tirer une balle dans le pied en exploitant lamentablement ce qu’elle imagine pouvoir lui servir à court terme, mais qui finira par la précipiter dans le grand sac d’opprobre où se retrouveront tous ceux qui sont en position d’exercer un pouvoir démocratique.

Un peu de dignité face à ce genre d’agissements semble être la meilleure réponse pour l’intérêt de la nation. Le déshonneur est la première peine infligée au fautif, d’autres suivront sans doute, à la hauteur du mépris manifesté par cette attitude au peuple français.