On dirait que tous les mauvais acteurs se sont
réunis pour nous jouer un très mauvais scénario.
Tout d’abord, même s’il s’agissait d’une promesse de
campagne, il n’était pas urgent de faire voter une loi sur une question de
société qui ne pouvait qu’exacerber les passions, alors que les nuages les plus
épais couvrent le ciel français : approfondissement de la crise, poursuite
de la désindustrialisation, chômage et paupérisation d’une couche importante de
la société, etc.
Les outils pour plus d’égalité existaient avec le PACS, qui aurait pu être aménagé dans ce sens, plutôt que de céder à la manie du slogan avec le « mariage pour tous », comme la succession de « choc de x », « choc de y »…
Ensuite, dévoiement du débat, qui a rapidement porté
sur la procréation et les dérives vers la gestation pour autrui, qui n’est pas
dans le texte, mais que les gouvernants n’ont pas su ou voulu dissocier
clairement de la loi sur le mariage dès le départ.
Puis, procès d’intention dans les deux camps qui se
sont formés rapidement. Les uns accusant les anti-mariage pour tous d’homophobie
(les homophobes en sont tous, mais tous ne sont pas homophobes), les autres d’avancer
masqués vers la gestation pour autrui et de céder à la pression du lobby
homosexuel.
Sur un tel terreau ne pouvait que fleurir la
violence de groupes plus ou moins fascisants bien à l’abri au sein des
manifestations de masse, constituées des cohortes de catholiques intégristes,
de réactionnaires et/ou de frustrés de
droite rongeant leur frein depuis la défaite de leur leader charismatique Sarkozy.
La bêtise des uns et la détermination des autres ont conduit à des scènes de
rue dignes d’un climat insurrectionnel.
Si l’on ajoute à cela l’ignominie de l’affaire
Cahuzac et du procès Guérini, la gangrène de l’aéroport de Notre Dame des
Landes, les discours discordants des gouvernants, la publicité faite autour des
évadés fiscaux, on obtient un climat délétère très mal ressenti par la
population et qui ouvre la voie à toutes les dérives poujadistes.
On ne fera croire à personne que les hommes et
femmes politiques ne sont pas conscients de cet état de fait. Ni même les
présentateurs de journaux télévisés de 20h, même un peu bas du front. Dans ces
conditions, participer à la montée de ce climat est une faute contre la
République et donc contre la démocratie.