vendredi 7 septembre 2012

Il ne fallait pas Trichet...



La Banque Centrale Européenne, conçue comme le gardien du temple de l’euro fort et de la protection contre l’inflation, semble avoir vécu.

Depuis sa création, cette institution européenne a été dirigée dans l’esprit de sa création en 1998 par des gouverneurs (ou présidents) qu’il s’agisse de Duisenberg ou de notre compatriote Trichet, soucieux de respecter les principes d’indépendance et de lutte contre l’inflation.

Doté, depuis le traité de Lisbonne de la personnalité juridique, cet objet semblait pouvoir être dirigé par des ordinateurs programmés en Allemagne avec l’aide des libéraux de tous les pays de la zone euro, insensibles aux effets dévastateurs d’une crise de la dette européenne sans précédent.

Voici que le mandat de l’ineffable Jean-Claude Trichet prend fin en 2011, au beau milieu d’une crise qui a beaucoup mis à mal ses certitudes et où il a dû faire quelques entorses au dogme de la non intervention. Il a cependant donné des gages aux libéraux en n’ayant comme interlocutrices que les banques, auxquelles il a accepté que la BCE prête à des taux très bas, afin que celles-ci puissent ensuite prêter aux états en faisant au passage un joli bénéfice.

On s’attendait à ce que le vice-président Draghi, qui lui a succédé, se comporte de la même manière. Mais celui-ci vient d’utiliser l’autonomie donnée à son Pinocchio d’acier par les traités pour lui donner une vie propre en s’opposant à Gepetto-Merkel. La décision de prêter directement aux états, réclamée par les pragmatiques et refusée a priori pas les dogmatiques de tout poil, est le signal du réveil donné par Mario Draghi. 
Les spéculateurs à grande échelle voient leur corne d’abondance se vider et personne ne devrait s’en plaindre. Même Gepetto-Merkel fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il est vrai qu’elle a perdu son meilleur soutien en Europe lors de la dernière élection présidentielle française et qu’il est difficile de jouer à un contre tous.

Il va de soi que les problèmes ne sont pas résolus par le coup de baguette magique de la BCE, mais on sait maintenant que l’arme monétaire peut être utilisée pour redonner du souffle aux économies en récession et de l’espoir aux peuples concernés.

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