mardi 2 avril 2013

Sévérité et retenue



En voici un qui ne rend pas vraiment service à son pays, à son camp politique, à la politique !

On s’était laissé prendre, peut-être par naïveté,aux dénégations offusquées de Jérôme Cahuzac devant la représentation nationale lorsque celui-ci a été accusé par Médiapart de disposer d’un compte bancaire à l’étranger, alors qu’il était Ministre du budget et qu’il avait été durant la dernière mandature, président de la commission des finances  de l’Assemblée Nationale.

On en venait même à se demander pourquoi Médiapart s’acharnait sur un tel personnage politique, si ce n’est pour augmenter son audience. Et cette odeur d’œuf pourri nous semblait porter préjudice à la grandeur de la chose politique dans une période où elle n’avait pas vraiment besoin de cela. Certains accusateurs, par une attitude de faux témoin d’opérette, discréditaient ces révélations scandaleuses.

Las, de l’aveu même du mis en cause, cette information était parfaitement vraie. Et un de plus ! Celui-ci a beau demander pardon à ses chefs, le mal a été fait et éclabousse d’autant plus le pouvoir qu’il avait fait de l’honnêteté un de ses chevaux de bataille. 

A partir de là, ce que l’on pouvait craindre se produit : accusation du Président de la République qui serait censé être au courant et aurait quand même nommé Cahuzac ministre, ou ne l’aurait pas démissionné en l’ayant appris par la suite. Idem pour le premier ministre. Ils sont déjà suffisamment en difficulté… Cet épisode va déporter le débat sur l’honnêteté des responsables politiques et éclipser les questions sur leur action pour redonner au pays une énergie nouvelle lui permettant de protéger ses plus faibles et de retrouver un dynamisme qui lui fait gravement défaut pour lutter contre le chômage de masse.

Si ce n’était pas l’appartenance à la classe politique qui était déterminante, mais la possession de biens que l’on ne souhaite pas faire prendre en compte pour le calcul de sa contribution à l’effort national ? Il y a fort à parier que chez les plus nantis, le pourcentage de ceux qui mettent à l’abri une partie de leur patrimoine est beaucoup plus grand que chez ceux qui s’engagent pour le service des autres dans l’action politique locale ou nationale. Mais ce qui est considéré comme un jeu du chat et de la souris pour les uns est une faute impardonnable pour les autres.

On attend donc une sévérité implacable contre ceux qui discréditent toute la classe politique, ouvrant la porte à tous les populismes et par là au totalitarisme, de quelque obédience qu’il soit.

En revanche, la classe politique elle-même serait bien inspirée de ne pas se tirer une balle dans le pied en exploitant lamentablement ce qu’elle imagine pouvoir lui servir à court terme, mais qui finira par la précipiter dans le grand sac d’opprobre où se retrouveront tous ceux qui sont en position d’exercer un pouvoir démocratique.

Un peu de dignité face à ce genre d’agissements semble être la meilleure réponse pour l’intérêt de la nation. Le déshonneur est la première peine infligée au fautif, d’autres suivront sans doute, à la hauteur du mépris manifesté par cette attitude au peuple français.

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