Il s’agit d’une chose très formelle, qui se passe dans
un château vidé de ses habitants et de ses dossiers, à l’issue de laquelle la
garde rapprochée de l’entrant s’accroît numériquement à proportion de ce que
décroît celle du sortant.
L’entrant est lourdement décoré pour avoir réussi à
obtenir une majorité des suffrages exprimés, ce qui ne constitue pas un mince
mérite.
Et le peuple, tout au moins la partie de celui-ci
qui possède un téléviseur et qui est disponible à cette heure de la journée, se
dit qu’il dispose du pouvoir de changer un acteur de cette cérémonie tous les
cinq ans.
Dans sa grande sagesse collective, il va même
envoyer à l’assemblée nationale une majorité de députés affirmant soutenir l’action
du nouveau président. A partir de là, il va perdre sa capacité d’intervention
sur la politique qui sera menée pendant cinq ans.
En effet, la majorité envoyée à l’assemblée devrait
suivre sans broncher les orientations du gouvernement, même lors de
voltes-faces qui seront présentées comme des adaptations à la situation économique
mondiale. Il faudra alors attendre des élections locales pour que puisse s’exprimer
la contrariété de ceux qui ont œuvré pour l’alternance.
Est-il possible de ne pas voir se rejouer ce
scénario déprimant ?
Deux moyens semblent pouvoir être utilisés pour que
la volonté exprimée par le peuple se traduise dans les faits.
Le premier est l’exercice de la vigilance au moment
du vote législatif. Autant il est souhaitable qu’une majorité cohérente sorte
des urnes, autant l’estampille du parti du nouveau président ne garantit pas
que le ou la député(e) fera preuve, durant le mandat, de l’exigence et de la
combativité nécessaires à la réalisation des objectifs de campagne et au
respect des valeurs portées par le candidat.
Le second est la mobilisation populaire pour porter
les réformes promises sans concession inutile et rejeter les reculades
maquillées en adaptation au contexte. Cette mobilisation ne devrait être que la
poursuite du mouvement qui a mis le bulletin dans l’urne. Les corps intermédiaire
(chers à notre président sorti) sont les outils d’expression de cette
mobilisation : les syndicats, associations, groupements, etc. sont les
vecteurs d’un rapport de force entre gouvernants et gouvernés que notre
démocratie gagnerait à utiliser beaucoup plus.
Pour garder la maîtrise du scénario et éviter que la
passation de pouvoirs ne soit rien d’autre que l’abandon du pouvoir par les
citoyens, il y a peut-être quelque chose à faire…
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