mardi 15 mai 2012

Que signifie passation de pouvoirs ?


Il s’agit d’une chose très formelle, qui se passe dans un château vidé de ses habitants et de ses dossiers, à l’issue de laquelle la garde rapprochée de l’entrant s’accroît numériquement à proportion de ce que décroît celle du sortant.
L’entrant est lourdement décoré pour avoir réussi à obtenir une majorité des suffrages exprimés, ce qui ne constitue pas un mince mérite.

Et le peuple, tout au moins la partie de celui-ci qui possède un téléviseur et qui est disponible à cette heure de la journée, se dit qu’il dispose du pouvoir de changer un acteur de cette cérémonie tous les cinq ans.
Dans sa grande sagesse collective, il va même envoyer à l’assemblée nationale une majorité de députés affirmant soutenir l’action du nouveau président. A partir de là, il va perdre sa capacité d’intervention sur la politique qui sera menée pendant cinq ans.
En effet, la majorité envoyée à l’assemblée devrait suivre sans broncher les orientations du gouvernement, même lors de voltes-faces qui seront présentées comme des adaptations à la situation économique mondiale. Il faudra alors attendre des élections locales pour que puisse s’exprimer la contrariété de ceux qui ont œuvré pour l’alternance.

Est-il possible de ne pas voir se rejouer ce scénario déprimant ?

Deux moyens semblent pouvoir être utilisés pour que la volonté exprimée par le peuple se traduise dans les faits.

Le premier est l’exercice de la vigilance au moment du vote législatif. Autant il est souhaitable qu’une majorité cohérente sorte des urnes, autant l’estampille du parti du nouveau président ne garantit pas que le ou la député(e) fera preuve, durant le mandat, de l’exigence et de la combativité nécessaires à la réalisation des objectifs de campagne et au respect des valeurs portées par le candidat.

Le second est la mobilisation populaire pour porter les réformes promises sans concession inutile et rejeter les reculades maquillées en adaptation au contexte. Cette mobilisation ne devrait être que la poursuite du mouvement qui a mis le bulletin dans l’urne. Les corps intermédiaire (chers à notre président sorti) sont les outils d’expression de cette mobilisation : les syndicats, associations, groupements, etc. sont les vecteurs d’un rapport de force entre gouvernants et gouvernés que notre démocratie gagnerait à utiliser beaucoup plus.

Pour garder la maîtrise du scénario et éviter que la passation de pouvoirs ne soit rien d’autre que l’abandon du pouvoir par les citoyens, il y a peut-être quelque chose à faire…

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