mercredi 2 mai 2012

L'entrée des gladiateurs


On nous l’annonce depuis longtemps. On nous repasse les moments forts des épisodes précédents. On veut nous faire croire que celui-ci va déterminer l’avenir de soixante cinq millions de français.

C’est vraiment un double signe : celui de la faiblesse du débat politique dans un pays qui en a été un des champions, mais aussi celui de la considération dans laquelle on tient les citoyens.

En effet, faire reposer un choix politique déterminant sur la capacité d’un individu, même coaché par un régiment de communicants, à glisser au meilleur moment du débat la petite phrase assassine et définitive qui sera la seule retenue par l’histoire, constitue la preuve que l’accessoire l’emporte sur l’essentiel et que l’émotion l’emporte sur la réflexion. Regarder un débat politique comme un combat de gladiateurs montre la considération des observateurs et commentateurs pour la confrontation des idées et des valeurs sensées déterminer l’action politique de celui qui sera élu président de la république.

Il est vrai que la constitution de la cinquième république donne au président des pouvoirs importants (trop ?) et que les qualités individuelles prennent de ce fait une importance plus grande que dans les pays ou le pouvoir est plus partagé. Mais pour autant, lorsque le corpus des propositions politiques du candidat est clair, l’action qui s’ensuit ne peut être que cohérente. Sinon, il faut faire appel à un cabinet de recrutement.

Même si certains voudraient nous le faire croire, le président n’est pas seul pour prendre les décisions, même en période de crise. Il serait donc utile de connaître les caractéristiques de ses conseillers. On verrait alors qu’autour du sortant, on trouve tout et son contraire, de telle sorte qu’on trouve aussi au cours du temps dans son discours tout et son contraire. On aimerait également savoir quel sera l’entourage de son concurrent, car le spectre est très large au parti socialiste.

En donnant une telle importance au débat de l’entre deux tours, on fait l’hypothèse que les citoyens ne sont pas capables d’analyser les propositions des impétrants et que leur jugement dépend de l’issue du combat de ce 2 mai dans l’arène télévisuelle. Nombreux sont ceux qui n’ont même pas à réfléchir une minute, car ils sont les victimes directes de la politique menée depuis au moins cinq ans et qui, dans le meilleur des cas iront exprimer leur colère en votant pour le changement, dans le pire des cas n’iront même pas dans leur bureau de vote. Les autres savent déjà qui est porteur de leurs valeurs et n’ont pas besoin du débat pour se déterminer.

Ce n’est pas le débat qui changera la situation dans la quelle les citoyens se trouvent. Ce n’est pas le débat qui va donner de l’espoir à ceux qui ne voient pas d’issue à leur précarité ou à leur chômage, à ceux qui voient l’enseignement se dégrader, entre autres faute de moyens, à ceux qui vivent dans des quartiers désertés par la police où règne une insécurité quotidienne.

Je crois que je ne vais pas regarder la télé, ce soir. Rien ne vaut la lecture.

1 commentaire:

  1. Malheureusement, beaucoup de citoyens n'ont de la politique qu'une vision télévisuelle et ont tendance à penser qu'une élection présidentielle n'est rien de plus qu'une émission de téléréalité comme une autre.
    Et du coup, ce débat peut les influencer grandement.
    Le sortant a quand même réussi à mettre dans la tête de gens par forcément bêtes, qu'il était le seul à pouvoir diriger le France dans cette période de crise. Il a réussi à faire peur avec François Hollande. Il faut le faire ! J'ai autour de moi des gens qui disent qu'ils n'aiment pas Sarkozy mais qu'ils vont quand même voter pour lui parce qu'avec Hollande ce serait pire. C'est de l'ordre de l'irrationnel. Et aucun argument objectif n'arrive à les convaincre. C'est désespérant. Alors il ne reste plus qu'à espérer que, comme Ségolène Royal en 2007, étant dans la peau du challenger, il "perde ses nerfs" au cours de ce débat.

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