lundi 2 avril 2012

L'écolo en vacances


La concomitance de deux événements concernant la sphère écologiste invite à se poser la question du rôle de l’écologie dans la politique.

Nous avons tout d’abord assisté ces derniers jours à la chute d’Eva Joly dans l’escalier (nous lui souhaitons un prompt rétablissement !), illustration malheureuse de celle qu’elle effectue dans les sondages. Ensuite à la réapparition de Nicolas Hulot dans les médias (au moins France 2 et France Inter). Ce dernier a pris du recul par rapport à son engagement politicien pour retrouver, au travers de l’action avec sa fondation, le rôle d’aiguillon qu’il avait provisoirement abandonné.

Et les journalistes de s’étonner du faible score réalisé par la candidate d’EELV dans les sondages d’opinion, en suggérant que si le choix de la primaire avait été différent, il en irait tout autrement.

Quand on connaît la capacité des communicants qui entourent les candidats à flairer les sujets qui vont attirer les électeurs, on se dit que la première préoccupation de ceux-ci n’est pas l’écologie. Pour autant, les citoyens ne sont pas forcément insensibles au devenir de la planète, au maintien de la biodiversité, à la qualité de l’eau, à l’évolution climatique, etc.

Mais ce qui les préoccupe sûrement en premier, c’est leur survie immédiate et celle de leurs enfants, qui passe par le travail et les revenus afférents mais aussi le temps de vivre pour pouvoir admirer de plus près la biodiversité, plutôt que de terminer leur vie terrestre en même temps que leur vie professionnelle. Les prises de conscience de l’évolution à moyen et long terme de notre environnement ne peuvent s’effectuer que quand on a pu rendre disponible une partie du cerveau préoccupée par un quotidien difficile.

Par ailleurs, un discours culpabilisateur et alarmiste est inaudible quand on a tellement de raisons de souffrir par ailleurs. Il ne porte qu’auprès des privilégiés qui disposent d’un travail bien rémunéré et qui préfèrent consommer de la nourriture bio, ne pas habiter près d’une source de pollution industrielle ou d’une centrale nucléaire et qui sont prêts à payer plus cher pour cela.

Alors oui, la question de notre environnement et de son évolution est fondamentale. Oui, elle doit être prise en compte dans les choix politiques de toutes les formations qui prétendent gouverner un jour le pays. Mais une proposition politique cohérente doit embrasser la totalité des aspects de la vie humaine en proposant les moyens nécessaires à la satisfaction des besoins élémentaires du peuple, même si ceux-ci sont toujours le résultat de compromis qui doivent être assumés.

L’écologie dite politique ne répond pas à cette exigence. Le spectacle pitoyable des luttes intestines présentées comme un exercice original de démocratie prouve le manque de maturité de ce courant, voire même de son incapacité fondamentale à exister comme alternative crédible. On dirait que Nicolas Hulot l’a compris en se positionnant comme il le fait.

3 commentaires:

  1. Au-delà de l'écologie, voter Eva Joly c'est peut-être se donner une réelle chance de lutter contre un système corrompu, source des inégalités, source d'un chacun pour soi généralisé et du fossé grandissant entre des riches qui n'ont plus besoin de la société et le reste de cette société.
    Sinon il faudra attendre une nouvelle révolution...

    Pour l'écologie, Hulot est sans doute mieux placé de retour dans sa fondation qu'un parti politique comme aiguillon avec un soutien populaire élargi. Mais cela suffit'il dans une société ou les élites politiques gèrent sans ambitions.

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  3. Il est clair que l'écologie n'est pas au centre du débat pour les raisons évidentes que tu as soulignées.
    La question qu'il faudra se poser après la campagne sera peut-être : est-on mur pour passer de cette première étape qui a consisté à éveiller les consciences et à organiser la marchandisation de l'empreinte carbone, à une seconde étape qui serait faite de lois/règlements, polices et sanctions ?
    Programme moins réjouissant mais d'une urgence impérieuse.

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