Les loups chassent en meute. C’est bien connu et c’est
ce qui s’est passé durant la dernière période, qui a vu se rassembler derrière
un chef de meute provisoire les deux grandes familles politiques qui égaient
notre quotidien politique.
D’un côté, il y avait un chef de meute naturel, dans
la mesure où il dirigeait d’une main de fer sa majorité. Aucun autre n’avait
osé lui contester le rôle de mâle dominant pendant plus de cinq ans. Mais voilà
qu’il se fait humilier par le chef de la meute d’opposition. Il perd aussitôt
le leadership de son camp et les successeurs se regardent en chien de faïence quelques
jours, avant de se ranger derrière celui qui tenait la maison pendant le
quinquennat, pour la prochaine confrontation.
Nouvelle humiliation pour la meute, pire que la
première, car la discipline n’a pas régné et que certains ont poussé des hurlements
plus proches de ceux que poussait jadis la hyène borgne. Dès lors, la bataille
pour la succession est engagée et plusieurs mâles montrent leurs crocs dans la
perspective de la confrontation automnale.
Il en va de même pour la meute de gauche, qui a
préféré sélectionner son chef lors d’un parcours d’obstacles longtemps avant le
départ à la chasse. Il y a bien eu des velléités de la part d’un vieux loup un
peu trop solitaire et d’un roquet aux aboiements mélodieux. Le vieux loup est
rentré dans le rang rapidement, mais le roquet, tel le charmeur de rats, était
suivi par des foules immenses. La première bataille lui a cependant fait perdre
sa superbe et il s’est rallié à la horde du mâle dominant.
Le festin législatif a récompensé la meute de
gauche, même si la famille du roquet n’a eu que des miettes. Il est vrai que lui-même
a été défait dans le combat singulier qu’il a provoqué contre la progéniture de
la hyène borgne.
Maintenant que l’on sait qui va dominer durant la
prochaine saison quinquennale, les restes de la dépouille vont être partagés
entre les seconds rôles. La louve qui gardait la tanière n’a pas eu le gros
morceau espéré. Elle partage entre ses louveteaux tout ce qu’elle peut sauver
avant d’aller se reposer pour ruminer sa vengeance.
Un épisode douloureux a vu la femelle favorite
priver de pitance l’ancienne favorite. Mais celle-ci maintes fois blessée, a
toujours su retrouver un rang honorable dans la meute. Gageons qu’elle saura
panser ses plaies profondes pour réapparaître lors des prochaines chasses.
Une satisfaction cependant vient de la part de plus
en plus importante que prennent les louves dans le combat. Les loups ont vu
tout le profit qu’ils pouvaient tirer de l’habileté de leurs femelles. Sont-ils
prêts à abandonner certains morceaux qu’ils se réservaient jusqu’à présent ?
Nous le saurons bientôt.
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