lundi 26 mars 2012

Et si on parlait d’autre chose…


Le sinistre individu qui a sévi à Toulouse et Montauban ces dernières semaines a prétendu avoir mis la France à genoux lors de sa discussion avec le négociateur. Qu’il ait réussi à faire peur à une petite frange de la population est incontestable, mais la France n’était pas à genoux et la République a eu le dernier mot.

En revanche, il aura permis à la campagne électorale de déserter le terrain de l’analyse de la crise et des propositions qui pourraient permettre d’en sortir. Le serpent de mer de l’insécurité refait surface et on rejoue la partie déjà jouée avec les échanges habituels : « C’est moi qui ai fait voter des lois sécuritaires après chaque fait divers que toi, tu n’as pas votées ! » «Moi aussi, j’en ai fait des lois que tu n’as pas votées ! Tu diriges la police depuis dix ans et ça ne s’arrange pas ! ». Sur la touche, une spectatrice crie que si on empêchait tous ceux qui ne sont pas français depuis la vingtième génération de venir en France, il n’y aurait plus de délinquance.

Pendant ce temps, ceux à qui la campagne devrait s’adresser et qui attendent qu’on leur éclaire le chemin pour sortir leurs pieds de dans la gadoue, ne voient pas venir les propositions argumentées, suivies de débats utiles pour leur compréhension.
Il est vrai que certains n’ont pas encore fourni de propositions structurées pour la prochaine mandature. L’un d’entre eux critiquait il y a trois semaines celui que l’on appelle à tort son principal adversaire en disant que son programme tardait. Mais que dire du sien ? Pour le moment il confine au vide sidéral. On ne peut pas reprocher à ceux qui sont contre le système de n’avoir pas de proposition pour l’aménager. Voyant que les problèmes ne pouvaient être résolus à aucune échelle géographique existante, un autre veut exploiter la planète Mars.

Les citoyens voudraient pourtant qu’on leur explique pourquoi l’emploi déserte le pays, le pouvoir d’achat des pauvres diminue, le Guinness Book des plus riches voit nos représentants gagner des places. Comment on peut faire en sorte que l’Europe devienne ce havre de prospérité et de paix qu’on nous avait promis, plutôt que ce carcan qui justifie tous les sacrifices qui nous sont demandés. Comment  donner à nos enfants une éducation et une formation de qualité pour s’adapter à un monde qui change. Quelle place notre pays doit-il occuper dans le concert des nations, quelles alliances stratégiques ? Quand ces sujets là auront été traités, on pourra parler de sujets de société tels que le mariage gay, la dépénalisation du cannabis, les nouveaux jours fériés, etc.

Aux escarmouches sur les terrains bien balisés avec des diatribes éculées, nous préfèrerions une bataille de grande ampleur avec des arguments. Ce serait cela, respecter les citoyens électeurs.

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