Le sinistre individu qui a sévi à Toulouse et Montauban ces
dernières semaines a prétendu avoir mis la France à genoux lors de sa
discussion avec le négociateur. Qu’il ait réussi à faire peur à une petite
frange de la population est incontestable, mais la France n’était pas à genoux et la
République a eu le dernier mot.
En revanche, il aura permis à la campagne électorale de
déserter le terrain de l’analyse de la crise et des propositions qui pourraient
permettre d’en sortir. Le serpent de mer de l’insécurité refait surface et on
rejoue la partie déjà jouée avec les échanges habituels : « C’est moi
qui ai fait voter des lois sécuritaires après chaque fait divers que toi, tu n’as
pas votées ! » «Moi aussi, j’en ai fait des lois que tu n’as pas
votées ! Tu diriges la police depuis dix ans et ça ne s’arrange pas ! ».
Sur la touche, une spectatrice crie que si on empêchait tous ceux qui ne sont
pas français depuis la vingtième génération de venir en France, il n’y aurait
plus de délinquance.
Pendant ce temps, ceux à qui la campagne devrait s’adresser
et qui attendent qu’on leur éclaire le chemin pour sortir leurs pieds de dans
la gadoue, ne voient pas venir les propositions argumentées, suivies de débats
utiles pour leur compréhension.
Il est vrai que certains n’ont pas encore fourni de
propositions structurées pour la prochaine mandature. L’un d’entre eux
critiquait il y a trois semaines celui que l’on appelle à tort son principal
adversaire en disant que son programme tardait. Mais que dire du sien ? Pour
le moment il confine au vide sidéral. On ne peut pas reprocher à ceux qui sont
contre le système de n’avoir pas de proposition pour l’aménager. Voyant que les
problèmes ne pouvaient être résolus à aucune échelle géographique existante, un
autre veut exploiter la planète Mars.
Les citoyens voudraient pourtant qu’on leur explique
pourquoi l’emploi déserte le pays, le pouvoir d’achat des pauvres diminue, le Guinness
Book des plus riches voit nos représentants gagner des places. Comment on peut
faire en sorte que l’Europe devienne ce havre de prospérité et de paix qu’on
nous avait promis, plutôt que ce carcan qui justifie tous les sacrifices qui
nous sont demandés. Comment donner à nos
enfants une éducation et une formation de qualité pour s’adapter à un monde qui
change. Quelle place notre pays doit-il occuper dans le concert des nations,
quelles alliances stratégiques ? Quand ces sujets là auront été traités,
on pourra parler de sujets de société tels que le mariage gay, la
dépénalisation du cannabis, les nouveaux jours fériés, etc.
Aux escarmouches sur les terrains bien balisés avec des
diatribes éculées, nous préfèrerions une bataille de grande ampleur avec des
arguments. Ce serait cela, respecter les citoyens électeurs.
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