lundi 19 mars 2012

Sur le rôle des utopies


Confronté au quotidien à une réalité quelquefois très difficile, le citoyen n’a le plus souvent que la possibilité de réagir à ce qu’il perçoit de la politique qu’il subit, qu’il en souffre lui-même ou qu’il soit en empathie avec ceux qui souffrent.

A l’occasion des campagnes électorales, il est confronté à des candidats qui lui proposent une analyse de ce qu’il vit, dans laquelle il va ou non se retrouver, et des choix d’actions pour résoudre les problèmes ainsi identifiés. En principe, ces choix sont appuyés sur un ensemble de valeurs prétendant caractériser les courants politiques concernés.

La fin du XVIIIème et le XIXème siècle ont vu éclore et s’étoffer de grandes théories politiques dont les trois plus marquantes sont devenues l’anarchisme, le libéralisme et le socialisme. Les promoteurs de ces théories et nombre de leurs successeurs n’étaient guidés que par le souci du bonheur de l’humanité. Hélas, des tentatives de mise en œuvre de certaines d’entre elles ont conduit à des situations d’asservissement des peuples et ont ainsi discrédité pour longtemps ces théories ou leurs avatars. Aujourd’hui le socialisme souffre de ce qu’a produit l’expérience communiste et le libéralisme, devenu mondialisé, devient insupportable à ceux qui en subissent les effets en termes d’inégalités, d’exploitation et de délocalisations.
Ce discrédit, aidé par l’évolution des médias et de la technologie, a participé à la perte de repères des peuples et à la progression de l’individualisme, chacun cherchant à tirer pour lui-même son épingle d’un jeu dont il a du mal à assimiler les règles.

En France, mais aussi dans d’autres pays comme l’Espagne et la Grèce, l’arrivée au pouvoir par les urnes en période de paix européenne de mouvements politiques se revendiquant du socialisme a suscité un espoir qui n’a pas tardé à être douché par ce qu’en France certains ont appelé la « parenthèse libérale » ouverte en 1983, que personne n’a songé à refermer depuis lors.

Si la pression du peuple a tendance à baisser après qu’il ait porté la gauche au pouvoir, celle du capital et de la finance ne cesse de s’exercer sur ceux qui gouvernent. C’est ainsi que, tout en tenant le même discours, ils cèdent insensiblement ou brutalement à la pression la plus forte. Le grand écart qui en résulte ne manque pas de produire ses effets, parmi lesquels le renvoi des dirigeants de gauche à leurs chères études.
C’est ainsi que seule la mobilisation des peuples peut « aider » les gouvernements de gauche à rester fidèles aux valeurs qui constituent le socle de l’idéologie socialiste. Qu’aurait pu faire le Front Populaire sans les grandes grèves qui ont suivi son accession au pouvoir ?

La pression du peuple porté par une belle utopie constitue la condition dune dialectique qui débouche sur l’avancée sociale. Dans la campagne en cours, le poids grandissant de l’électorat de J-L Mélenchon est à la fois un avertissement et un soutien pour la gauche traditionnelle qui n’a pas le droit de renouveler les erreurs du passé.

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