Déjà en 1962, on se souciait de limiter la possibilité d’être
candidat à l’élection présidentielle en prévoyant 100 signatures d’élus
répartis sur le territoire national.
Il semble que c’était insuffisant pour éviter les
candidatures d’hurluberlus tels que les représentants des éleveurs de puces d’eau
du canton de Mouthoumet, des homosexuels habitant les nombres impairs des rues
orientées Nord-Sud, ou encore du fan club de Bobby Lapointe.
En effet en 1976 on passait à la notion de parrainage d’élus
et on augmentait le nombre de ceux-ci à 500, répartis sur au moins 30
départements ou collectivités d’outre-mer.
On comprend, vu le coût pour la collectivité des campagnes
électorales et la nécessité d’un accès égal aux médias pour tous les candidats,
que soit recherché le moyen de limiter la cohorte des impétrants.
Ces lois ont produit l’effet souhaité : la réduction du
nombre de candidats potentiels. Elles n’ont pas pu empêcher les candidatures que
l’on qualifiera d’originales pour ne pas se faire d’ennemis inutiles.
Mais cette loi, comme toute loi, a des effets pervers, dont
certains nuisent à l’exercice d’une démocratie moderne.
Le premier est l’occupation par trop importante de l’espace
médiatique par le sujet des parrainages lui-même. Durant toute la pré-campagne,
il constitue la principale question posée aux candidats potentiels non issus
des partis ayant de nombreux élus. Or ceux-ci peuvent être porteurs d’idées
originales qu’ils n’ont pas le loisir de développer.
Le deuxième effet est le risque que certains candidats dont
personne ne nie la qualité d’homme d’état n’obtiennent pas un nombre suffisant
de parrainages. Cette dérive a pu être observée lors de cette pré-campagne pour
au moins deux candidats (J.-P. Chevènement et D. de Villepin).
Le troisième est la possibilité qu’une partie importante de
l’électorat ne puisse pas exprimer son opinion au travers de l’élection
présidentielle (le cas des électeurs du Front National a bien failli se
produire (peut-être…).
Alors, il est possible de faire retomber la responsabilité
de ces difficultés sur les candidats eux-mêmes. Certains sont tellement sûrs de
leur notoriété qu’ils négligent l’importance du recueil des parrainages. D’autres
se servent de la difficulté d’en obtenir pour passer pour les victimes d’un
système qu’ils souhaitent mettre à bas. Il n’empêche que la situation actuelle
n’est pas satisfaisante pour le bon fonctionnement de notre république. Ne
pourrait-on pas exempter de parrainages certains candidats ayant eu des
responsabilités gouvernementales de haut niveau ? Ne pourrait-on pas
utiliser un panel de sondages réalisés par des instituts différents pour
valider une candidature à quelques mois de l’élection ? Il y a sûrement
des solutions à ce dysfonctionnement notoire de notre démocratie.
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