jeudi 9 février 2012

On n’a pas tous les jours 20 ans (Chant de masses tristes)


Il a vingt ans, le fameux traité de Maastricht ! Je garde un souvenir douloureux de son accouchement en France sous la forme d’un référendum en sa faveur par 51,05% des suffrages exprimés après un matraquage médiatique sans précédent, qui ne sera égalé et même dépassé que par celui qui a précédé le référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, rejeté lui par 54,67% des suffrages exprimés.

Entre temps, les citoyens avaient pu se faire une idée plus précise de ce que recouvrait en réalité cette manière de construire l’Europe. Ils n’ont pas reculé devant la campagne de culpabilisation lancée par nos « élites ». Celles-ci, faisant fi des raisons qui ont conduit au fiasco du traité constitutionnel, ont ratifié son clone sous la forme du traité de Lisbonne.

Il était facile de mettre dans le même panier anti-européen tous ceux qui percevaient le danger d’une Europe construite sur les principes de l’économie la plus libérale, ouverte aux quatre vents des échanges internationaux avec des pays ne bénéficiant d’aucune protection sociale.

Le point d’orgue de Maastricht était la décision de créer une monnaie unique européenne, qui liait organiquement  les économies de pays de structures sociale, économique et culturelle très différentes. Cette monnaie, protégée par une institution indépendante des États, chargée de lutter contre l’inflation ne pouvait être autre chose qu’une réplique du mark allemand.

Le résultat de ces choix désastreux se traduit dans la crise que nous traversons. Les principes de l’économie libérale mondialisée, avec son corollaire financier ont conduit à l’avènement de cette crise. Les mêmes qui prêchaient l’orthodoxie budgétaire ont violé allègrement toutes les règles édictées depuis Maastricht jusqu’à Lisbonne pour faire face à l’effondrement du système. Nous vivons dans un régime dérogatoire, finalement imposé par les politiques par nécessité.

Alors, plutôt que de violer systématiquement des règles que l’on s’impose de traité en traité, il vaudrait mieux se demander si la faute n’était pas à l’origine et tout repenser de fond en comble. Ce qui ne semble pas être le cas avec le traité en préparation.

La monnaie unique pensée par des idéologues libéraux était une erreur. Les candidats à l’élection présidentielle, sauf les plus extrêmes sur l’échiquier politique, ont tous approuvé le traité de Maastricht. Un seul dit le regretter aujourd’hui. Jusqu’à quel degré d’exaspération des peuples faudra-t-il arriver pour effectuer la remise en cause nécessaire ?

Il a vingt ans, il est mal né, il est malade depuis longtemps. Il faut savoir débrancher les appareils pour ne pas tomber dans l’acharnement thérapeutique.

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