Il a vingt ans, le fameux traité de Maastricht ! Je
garde un souvenir douloureux de son accouchement en France sous la forme d’un
référendum en sa faveur par 51,05% des suffrages exprimés après un matraquage
médiatique sans précédent, qui ne sera égalé et même dépassé que par celui qui
a précédé le référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, rejeté
lui par 54,67% des suffrages exprimés.
Entre temps, les citoyens avaient pu se faire une idée plus
précise de ce que recouvrait en réalité cette manière de construire l’Europe.
Ils n’ont pas reculé devant la campagne de culpabilisation lancée par nos « élites ».
Celles-ci, faisant fi des raisons qui ont conduit au fiasco du traité
constitutionnel, ont ratifié son clone sous la forme du traité de Lisbonne.
Il était facile de mettre dans le même panier anti-européen
tous ceux qui percevaient le danger d’une Europe construite sur les principes
de l’économie la plus libérale, ouverte aux quatre vents des échanges
internationaux avec des pays ne bénéficiant d’aucune protection sociale.
Le point d’orgue de Maastricht était la décision de créer
une monnaie unique européenne, qui liait organiquement les économies de pays de structures sociale,
économique et culturelle très différentes. Cette monnaie, protégée par une
institution indépendante des États, chargée de lutter contre l’inflation ne
pouvait être autre chose qu’une réplique du mark allemand.
Le résultat de ces choix désastreux se traduit dans la crise
que nous traversons. Les principes de l’économie libérale mondialisée, avec son
corollaire financier ont conduit à l’avènement de cette crise. Les mêmes qui
prêchaient l’orthodoxie budgétaire ont violé allègrement toutes les règles
édictées depuis Maastricht jusqu’à Lisbonne pour faire face à l’effondrement du
système. Nous vivons dans un régime dérogatoire, finalement imposé par les
politiques par nécessité.
Alors, plutôt que de violer systématiquement des règles que
l’on s’impose de traité en traité, il vaudrait mieux se demander si la faute n’était
pas à l’origine et tout repenser de fond en comble. Ce qui ne semble pas être
le cas avec le traité en préparation.
La monnaie unique pensée par des idéologues libéraux était
une erreur. Les candidats à l’élection présidentielle, sauf les plus extrêmes
sur l’échiquier politique, ont tous approuvé le traité de Maastricht. Un seul
dit le regretter aujourd’hui. Jusqu’à quel degré d’exaspération des peuples
faudra-t-il arriver pour effectuer la remise en cause nécessaire ?
Il a vingt ans, il est mal né, il est malade depuis
longtemps. Il faut savoir débrancher les appareils pour ne pas tomber dans l’acharnement
thérapeutique.
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