Nos dirigeants ne sont pas toujours capables d’assurer à l’ensemble
du peuple la première partie de l’expression de Juvenal, mais ils peuvent
compter sur les médias pour assurer la seconde partie.
Ainsi en est-il des débats organisés entre bons clients,
dont on sait qu’il sortira toujours quelques petites phrases assassines ou
attitudes théâtrales. Ce fut le cas pour le débat avorté entre Marine Le Pen,
invitée de l’émission Des paroles et des
actes et Jean-Luc Mélenchon, avec son cortège de provocations verbales, de
concours de grimaces et de refus de débattre. Il est bien dommage que les
conditions d’un débat républicain n’aient pas été réunies, car il existe une
partie non négligeable de l’électorat qui aurait pu être éclairée sur le socle
de valeurs portées par les deux candidats. Ce n’est malheureusement pas au
travers de slogans racoleurs que cette information peut être donnée.
Une autre arène médiatique encore plus excitante en période
pré-électorale est le salon de l’agriculture. Qui y était aujourd’hui ? A
quelle heure est-il (elle) arrivé(e) ? Combien de temps a-t-il (elle) passé
dans les allées ? Quelle expression vacharde a été prononcée à l’encontre
d’un concurrent ? Qu’a-t-il été obligé d’ingérer durant le séjour au salon ?
De ce dernier point de vue, Jacques Chirac va manquer au tableau, lui qui ne
semblait pas se forcer à apprécier les diverses et nombreuses dégustations.
Il ne manque plus qu’un concours de beauté. Certains médias n’ont
d’ailleurs pas hésité à proposer des résultats de sondages, sensiblement
divergents de ceux des intentions de vote au premier tour (quand même !).
Des débats de fond, discriminants pour l’électorat, sont
pourtant souhaitables dans une circonstance telle que l’élection présidentielle
dans la cinquième république. Quoi que l’on pense des prestations des uns et
des autres, les débats de la primaire socialiste ont eu le mérite de proposer
des choix clairs au sein même d’une partie de la gauche. C’est dire si le même
type de débat pourrait être intéressant entre candidats de gauche et de droite,
entre partisans d’une sortie de crise par plus d’Europe et partisans d’une
révision de la construction européenne, etc.
Si l’on regarde les audiences de la primaire déjà citée, il
est possible d’intéresser de très nombreux citoyens à des débats sans mise à
mort. Le service public s’y risquera-t-il ? la démocratie y gagnerait
sûrement beaucoup, de même que l’image du personnel politique dans son
ensemble.
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